Découverte de la SARL DCR 01, plate forme de compostage et de production de bois-énergie domiciliée à Baneins.
Interview réalisée auprès de Jean-Marc Dubost gérant de la société (et premier adjoint à Baneins.)
Le contexte
Aujourd’hui chaque citoyen produit des déchets que l’on doit traiter en masse puisqu’ils sont concentrés dans des points de collecte. Ce genre d’installation répond donc à une demande citoyenne et à un besoin, celui de traiter et de valoriser ces tonnes de déchets verts.
L’historique du projet
Dans les années 2000 je me suis interrogé sur la manière dont je pouvais épandre les lisiers en maîtrisant les odeurs donc, j’ai cherché plusieurs solutions, compostage à base de paille, mélange de paille avec du lisier, enfouissement, et en faisant des essais de mélange la chambre d’agriculture m’a orienté vers les déchets verts. J’ai travaillé à l’époque avec LBDI qui recherchaient une source azotée à mélanger avec ses déchets verts : l’expérience n’a pas été concluante pour diverses raisons et elle s’est arrêtée. Je me retrouvais donc avec 6000 mètres carrés de bitume au milieu de mes terres.
En parallèle de cela il y avait une recherche de sites pour traiter les déchets verts dans le périmètre d’action du Sytraival. C’est comme cela que j’ai monté cette activité en 2008 avec la SARL Ain Environnement composée de deux associés : Olivier Carlet qui s’occupe des relations commerciales, et Philippe Reynaud qui s’occupe de toute la mécanique des machines aussi bien les broyeurs que les trieurs…etc. Pour ma part j’assure la gérance du site, les facturations, l’organisation des transports et nous employons un salarié sur le site.
Le circuit du déchet vert
Les déchets proviennent des déchetteries (Francheleins, Saint jean sur Veyle, Saint Etienne sur Chalaronne, Belleville Sur Saone et Chatillon sur Chalaronne) ou d’entreprises comme Quinson Fonlupt… Le but étant qu’il y ait le moins de transport possible.
Le déchet vert arrive, il est broyé le plus rapidement possible pour qu’il n’y ait pas de fermentation anaérobie qui démarre, le but du compostage étant une fermentation aérobie. Il est donc broyé dans les 8 à 15 jours après son arrivée, mis en endain sur les systèmes de compostage avec aération forcée pendant un mois avec des phases d’arrosage (sauf en hiver). Après sortie des endains, soit mise en tas pour poursuivre la fermentation (ce qui est optimum), soit tri immédiat puis mise en tas pour la phase de maturation avec plusieurs brassages possibles.
Au moment du tri, on sort, selon les machines deux ou trois produits, l’idéal étant les trois produits :
– le fin qui part en compost pour l’agricole, l’horticole, la pépinière et les particuliers
– le produit du milieu que l’on appelle le mulch, qui lui, est incorporé dans les chaufferies bois( c’est ce que l’on appelle le bois A, de classe supérieure sans additif type peinture, vernis ou autres adjuvants)
– le grossier qui part également en chaufferie mais qui peut être mélangé avec du bois catégorie B (ce sont des chaufferies différente équipées de filtres)
En plus de cette activité compost, nous avons développé deux activités bois-énergie :
– une activité avec du bois A donc sans adjuvant, où l’on mélange des palettes triées sans adjuvant, des troncs broyés et le mulch du compost.
– Une activité avec du bois B, de la palette avec adjuvant qui est broyée sur le site.
Une technologie avancée
Depuis un an, un système permettant l’optimisation du compostage et une diminution des nuisances olfactives a été mis en place.
Après broyage et mise en endain du futur compost, une sonde de température est placée dans le tas et guide des temps d’aération forcée, le but étant d’amener de l’oxygène de façon optimum de manière à avoir une température la plus constante possible (toujours au dessus de 65°C dans le tas). Si la température baisse, on insufle de l’oxygène de manière à relancer la fermentation. En parralèle il y a un pilotage de l’arrosage en fonction de l’humidité. Le tas est arrosé pendant la première semaine, ensuite on gère seulement la température. Ce système évite le brassage (au godet) des tas pendant la fermentation, et évite les zones de fermentation anaérobie qui dégagent des mauvaises odeurs et baisse la qualité du compost.
En installant ce système, le côut de traitement à la tonne a forcément augmenté, par contre on a diminué le temps de fermentation et on maîtrise mieux les flux.
Du bon compost…
Un suivi est effectué par la chambre d’agriculture avec 4 prélèvements par an pour mesurer la qualité du compost, car il doit être normalisé en tant qu’amendement organique . Ces analyses nous donnent une valeur agronomique et une recherche d’éléments traces indésirables que l’on pourrait retrouver dedans.
Pour qui ?
Le compost fin repart en priorité vers les agriculteurs, pour l’instant surtout chez moi (on peut considérer que 20 tonnes de compost correspondent à 60 ou 70 tonnes de fumier selon la qualité du fumier), il part également vers les pépiniéristes et une petite part chez les particuliers.
Et le bois énergie ?
Il part dans des chaufferies industrielles, par exemple la chaufferie de Bourg en Bresse qui chauffe un quartier et la piscine “carré d’eau” (deux camions de 100 m3 par jour).
Le bois-énergie de catégorie B part, quant à lui, dans des chaufferies équipées de filtres spéciaux (Bourgogne).
En quelques chiffres
4000 tonnes de bois transformés chaque année
4000 tonnes de déchets verts
1000 tonnes de compost fin
700 tonnes de mulch
700 tonnes de grossier
Emploi
Un salarié à plein temps sur la plateforme.
Un à deux emplois indirect entre les chauffeurs de camions , les cuaffeurs de broyeurs , trieurs …..